Parcours

« Déjà toute petite, je passais des journées entières à manier l’aiguille à tricoter ou le crochet : j’étais tombée très jeune amoureuse de la laine, de sa chaleur et de sa sensualité. Mais c’était surtout l’intensité et la profondeur de ses couleurs qui en faisaient à mes yeux cette matière qui, bien plus que la peinture ou le dessin, a toujours stimulé mon appétit de création. Dans les années 70, le retour aux techniques ancestrales de tissage à la main m’a donné l’envie d’en faire ma profession. Pendant dix ans, au cœur de mon atelier « Tarentule », je me suis spécialisée dans le vêtement et l’ameublement. En réalisant mes propres teintures au chaudron de cuivre sur des laines naturelles de pays, j’ai bientôt disposé d’une riche palette de couleurs pour mes recherches chromatiques. En 1984, j’ai découvert la technique rigoureuse et traditionnelle de la tapisserie haute et basse lice (*) et je me suis rapidement reconvertie dans cet art. D’abord adepte du kilim dont j’ai vite eu besoin de dépasser la stricte géométrie, j’ai acquis des métiers plus robustes et me suis perfectionnée dans les procédés d’Aubusson et des Gobelins. Mon penchant naturel pour la peinture contemporaine m’a naturellement conduite à explorer les richesses graphiques de l’abstraction. Créatrice de mes propres cartons, avec la complicité occasionnelle de ma fille, peintre portraitiste, je puise mon inspiration autant dans l’observation de la nature et de ses couleurs changeantes, que dans la foisonnante iconographie de la peinture du XXème siècle. Ce tissage, au rythme d’environ un mètre-carré par mois, est un ouvrage de longue haleine, au geste mille fois répété, mais sa lenteur même contribue au bonheur que j’y éprouve. De même, la contemplation des Causses qui m'entourent, la pratique du chant ou celle du jardinage me procurent l’immense plaisir de vivre à contretemps. »

(*) : Haute et basse lice : tissage sur métier vertical (Gobelins) ou horizontal (Aubusson).